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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/91

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Ces bruits le décidèrent probablement à se déclarer plutôt qu’il n’aurait fait peut-être. Le 1er juillet, il fit annoncer par la Bouche de fer qu’il parlerait au Cercle social sur la république. Il attendit jusqu’au 12 et ne le fit qu’avec certaines réserves. Dans un discours ingénieux, il réfutait plusieurs des objections banales qu’on fait à la république, ajoutant toutefois ces paroles qui étonnèrent fort : « Si pourtant le peuple se réserve d’appeler une Convention pour prononcer si l’on conserve le trône, si l’hérédité continue pour un petit nombre d’années entre deux Conventions, la royauté, en ce cas, n’est pas essentiellement contraire aux droits des citoyens… » Il faisait allusion au bruit qui courait, qu’on devait le nommer gouverneur du dauphin, et disait qu’en ce cas il lui apprendrait surtout à savoir se passer du trône.

Cette apparence d’indécision ne plut pas beaucoup aux républicains et choqua les royalistes. Ceux-ci furent bien plus que blessés encore, quand on répandit dans Paris un pamphlet spirituel, moqueur, écrit d’une main si grave. Condorcet y fut probablement l’écho et le secrétaire de la jeune société qui fréquentait son salon.

Le pamphlet était une Lettre d’un jeune mécanicien, qui, pour une somme modique, s’engageait à fabriquer un excellent roi constitutionnel. « Ce roi, disait-il, s’acquitterait à merveille des fonctions de la royauté, marcherait aux cérémonies, siégerait convenablement, irait à la messe, et même, au moyen de certain ressort, prendrait des mains du président