Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/155

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prêtres, les dominaient, les enfonçaient dans leur triste point d’honneur.

Le prêtre le plus connu, après l’archevêque d’Arles, était le confesseur de Louis XVI, le Père Hébert, qui, au 20 juin, au 10 août, eut dans ses mains la conscience du roi, l’affermit dans son obstination et lui donna l’absolution peu d’instants avant le carnage. Ces prêtres, qui perdirent le roi et se perdirent, étaient-ils sincères ? Nous le croyons volontiers. Une ombre reste cependant sur eux et nous porterait à douter si ces martyrs ont été des saints : c’est l’encouragement qu’ils donnèrent à Louis XVI dans la duplicité funeste qui lui fît sans cesse attester la constitution contre la constitution, pour la ruiner par elle-même, en invoquant la lettre stricte, pour en mieux annuler l’esprit.

Paris montra pour leur sort la plus profonde indifférence. Il y avait au Théâtre-Français (Odéon) un rassemblement de volontaires et gardes nationaux qui s’étaient réunis au bruit du tocsin. Il y en avait trois cents qui faisaient l’exercice dans le jardin du Luxembourg. S’ils avaient reçu de Santerre le moindre signal, ils auraient été aux Carmes, à l’Abbaye, et, sans la moindre difficulté, auraient empêché le massacre. N’ayant aucun ordre, ils ne bougèrent pas.

Le conseil général de la Commune, rentré en séance à quatre heures, reçut, comme on a vu, plusieurs avis du massacre et ne s’émut pas beaucoup. Il était en ce moment la seule autorité réelle de Paris, et il envoya demander au pouvoir législatif, à l’Assemblée, ce qu’il