Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/207

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et elle n’eut personne encore. On essaya enfin de la corvée et de faire travailler tour à tour les sections.

Personne ou presque personne ne répondait aux appels de la garde nationale. On complétait avec peine la garde de l’Assemblée, celle des précieux dépôts, du Garde-Meuble, par exemple, qui se trouva, une nuit, on va le voir, à peu près abandonné.

La solitude était aux clubs. Beaucoup de leurs membres s’étaient absentés, le dégoût gagnait les autres. Cela est très sensible dans les procès-verbaux des Jacobins ; l’absence de tous les orateurs ordinaires y fait apparaître, en première ligne, des gens parfaitement inconnus.

Ceux qui ont dit que le crime était un moyen de force, un cordial puissant pour faire un héros du lâche, ceux-là ont ignoré l’histoire, calomnié la nature humaine. Qu’ils sachent, ces ignorants coupables qui jasent si légèrement sur ces terribles sujets, qu’ils sachent la profonde énervation qui suit de tels actes. Ah ! si le lendemain des plaisirs vulgaires (quand l’homme, par exemple, a jeté la vie au vent, l’amour aux voluptés basses), s’il rentre chez lui hébété et triste, n’osant se regarder lui-même, combien plus celui qui a cherché un exécrable plaisir dans la mort et la douleur ! L’acte le plus contre nature, qui est certainement le meurtre, brise cruellement la nature dans celui qui le commet ; le meurtrier voit, après, que lui-même il s’est