tué ; il s’inspire le dégoût que l’on a pour un cadavre, éprouve une horrible nausée, voudrait se vomir lui-même.
Les historiens ont adopté une opinion à la légère, c’est que le massacre avait été le point de départ de la victoire, qu’après un tel crime, ayant creusé derrière soi un tel abîme, le peuple avait senti qu’il fallait vaincre ou mourir, qu’enfin les massacreurs de septembre avaient entraîné l’armée, formé l’avant-garde de Valmy et de Jemmapes. Triste aveu, véritablement, s’il fallait y croire, et fait pour humilier ! L’ennemi n’a pas mieux demandé d’adopter cette opinion, de croire ces étranges Français qui prétendent que la France vainquit par l’énergie du crime. Nous montrerons tout à l’heure que le contraire est exact. Des trois ou quatre cents hommes qui firent le massacre, et dont beaucoup sont connus, peu, très peu, étaient militaires. Ceux qui partirent furent reçus de l’armée avec horreur et dégoût ; Charlat, entre autres, qui se vantait insolemment de son crime, fut sabré par ses camarades.
Nous avons établi d’après d’irrécusables documents, et sur l’unanime affirmation des témoins oculaires qui vivent encore, l’infiniment petit nombre des massacreurs. Ils étaient au plus quatre cents.
Le nombre des morts (en comptant même les douteux) est de neuf cent soixante-six.
Le faubourg Saint-Antoine, en particulier, qui avait fait le 10 août, fut complètement étranger au 2 septembre. Son célèbre orateur, Gonchon (honnête