Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/211

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donner sa noble initiative (son journal avait le premier proposé la république), Fauchet, d’un grand élan du cœur : « Non, que la Convention décide ce qu’elle voudra ; si elle rétablit le roi, nous pourrons encore rester libres et fuir une terre d’esclaves qui reprendrait un tyran. »

Pour concilier toute chose, l’adresse réserva le droit de la Convention ; le serment fut individuel, chaque député s’engagea pour lui.

La commission extraordinaire, par l’organe de Vergniaud, dit alors qu’accusée dans le sein de la Commune, elle demandait à finir, à déposer ses pouvoirs. L’Assemblée ne le voulut pas. Un mouvement héroïque échappa alors à Cambon (qu’on songe qu’à cette heure on massacrait à Bicétre, et encore à la Force, à l’Abbaye). Il s’indigna de la timidité de la commission : « Quoi ! dit-il, vous venez de jurer la guerre aux rois et à la royauté, et déjà vous courbez la tête sous je ne sais quelle tyrannie !… Si nous voulons que la Commune gouverne, soumettons-nous tranquillement. J’ai parfois combattu la commission ; aujourd’hui je la défends… Je vois des hommes qui prennent le masque du patriotisme pour asservir la patrie. Que veulent ces agitateurs ? Être nommés à la Convention ? nous remplacer ?… Eh bien ! qu’ils reçoivent de moi cette leçon… » Il continua, courageusement, par une prophétie funèbre des révolutions, dans lesquelles, les intrigants se chassant les uns les autres, la France finirait par s’ouvrir à l’étranger.