Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/254

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était offensive : à chaque instant il allait, par des sorties audacieuses, faire visite à l’ennemi.

Brunswick, entré dans Verdun, s’y trouva si commodément qu’il y resta une semaine. Là, déjà, les émigrés qui entouraient le roi de Prusse commencèrent à lui rappeler les promesses qu’il avait faites. Ce prince avait dit, au départ, ces étranges paroles (Hardenberg les entendit) : Qu’il ne se mêlerait pas du gouvernement de la France, que seulement il rendrait au roi l’autorité absolue. Rendre au roi la royauté, les prêtres aux églises, les propriétés aux propriétaires, c’était toute son ambition. Et pour ces bienfaits, que demandait-il à la France ? Nulle cession de territoire, rien que les frais d’une guerre entreprise pour la sauver.

Ce petit mot rendre les propriétés contenait beaucoup. Le grand propriétaire était le clergé ; il s’agissait de lui restituer un bien de quatre milliards, d’annuler les ventes qui s’en étaient faites pour un milliard dès janvier 1792, et qui depuis, en neuf mois, s’étaient énormément accrues. Que devenaient une infinité de contrats dont cette opération immense avait été l’occasion directe ou indirecte ? Ce n’étaient pas seulement les acquéreurs qui étaient lésés, mais ceux qui leur prêtaient de l’argent, mais les sous-acquéreurs auxquels déjà ils avaient vendu, une foule d’autres personnes… Un grand peuple, et véritablement attaché à la Révolution par un intérêt respectable. Ces propriétés détournées depuis plusieurs siècles du but des pieux fondateurs, la Révo-