Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/255

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lution les avait rappelées à leur destination véritable, la vie et l’entretien du pauvre. Elles avaient passé de la main morte à la vivante, des paresseux aux travailleurs, des abbés libertins, des chanoines ventrus, des évêques fastueux, à l’honnête laboureur… Une France nouvelle s’était faite dans ce court espace de temps. Et ces ignorants qui amenaient l’étranger ne s’en doutaient pas. Ni les deux agents de Monsieur, ni M. de Caraman, secret agent de Louis XVI, qui étaient auprès du roi de Prusse, ne l’avertirent du danger qu’il y avait à toucher un point si grave.

Il était à peine à Verdun qu’il ordonna (ou qu’on ordonna en son nom) aux officiers municipaux de tous les villages de chasser les prêtres constitutionnels, de rétablir ceux qui n’avaient pas fait serment et de leur rendre les registres de l’état civil, enfin de restituer aux religieux ce qui leur appartenait. Il en fut de même sur la frontière du Nord. Dans tous les villages de la Flandre française où pénétraient momentanément les Autrichiens, leur premier soin était de rétablir les prêtres qui n’avaient pas fait serment.

Si Danton, si Dumouriez avaient eu l’honneur d’être admis au conseil du roi de Prusse, ils auraient sans aucun doute conseillé de telles mesures.

À ces mots significatifs de restauration des prêtres, de restitution, etc., le paysan dressa l’oreille et comprit que c’était toute la contre-révolution qui entrait en France, qu’une mutation immense et des choses et des personnes allait arriver.