Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les réfugiés belges, pour devenir Français, faisaient valoir la brillante valeur qu’ils montrèrent à Valmy et dans Lille. L’ennemi, des deux côtés, ne croyant frapper que la France, avait trouvé des poitrines belges devant ses boulets. Les Savoyards comptaient parmi nos héros du 10 août. La veille même, ils formèrent une légion et, le jour du combat, marchèrent entre les Bretons et les Marseillais. Libérateurs de la France, puis délivrés par elle, qu’étaient-ils donc, sinon Français ?

La France était touchée. Mais ce qui la décidait, c’était le salut de ces peuples mêmes. Jeunes, enfants dans la liberté, ils ne pouvaient se garder libres que par l’aide et l’appui de la grande nation. Les laisser à eux-mêmes, ce n’était rien que les laisser périr.

Telle fut la belle et généreuse délibération qui eut lieu au sein de la Convention, telle la noble réserve que mit la France pour accepter ces peuples, qui venaient à ses pieds la prier de les prendre. Lisez surtout le rapport de Grégoire, où il débat ces choses au sujet des prières de la Savoie qui demandait sa réunion. Voyez avec quelle hauteur de raison, quelle noble et bienveillante sagesse, il fait valoir et le pour et le contre. La conclusion à laquelle il s’arrête, c’est que, quel que puisse être l’intérêt de la France, la Savoie désormais ne se défendra pas, ne vivra pas sans elle ; et que la France, à tout prix, doit lui ouvrir son sein.

Ceci eut lieu le 28 novembre. Et déjà le 19, sur la proposition de La Reveillère-Lépeaux, la Conven-