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le 25 août, anniversaire de la Saint-Barthélemy, éclate dans l’Ouest la guerre de la Vendée, la guerre impie des prêtres.

Chose remarquable, ce fut le 25 août, le jour même où le paysan vendéen attaquait la Révolution, que la Révolution, dans sa partialité généreuse, jugeait en faveur du paysan le long procès des siècles, abolissant les droits féodaux sans indemnité. — Et non seulement les droits proprement féodaux, mais censuels. Ce mot seul contenait une équivoque immense, favorable au fermier. Une jurisprudence nouvelle était ouverte, toute au profit du paysan contre le seigneur, laquelle n’était pas moins qu’une réaction violente contre l’ancienne, une réparation passionnée de l’iniquité féodale. La Révolution semblait dire : « Mille ans durant, à tort, à droit, on a jugé contre le pauvre. Eh bien, moi, aujourd’hui, à tort, à droit, je jugerai pour lui… Il a assez souffert, travaillé, mérité. Ce que je ne pourrais lui attribuer comme sien, je le lui adjuge comme indemnité. »

Ce n’est pas tout. La loi du 25 août disait encore au seigneur : « Si vraiment cette rente que vous avez sur le pauvre homme fut fondée et non extorquée, prouvez-le ; apportez, produisez en justice l’acte primordial qui prouvera qu’en effet vous donniez de la terre pour fonder cette rente. »

En beaucoup de pays l’acte n’existait pas.

En plusieurs, par exemple dans les pays bretons de domaine congéable, le seigneur avait le dessous, la terre ; le paysan, le dessus, la maison. Et le sei-