Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/297

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gneurs ecclésiastiques, elle avait amélioré le sort du clergé inférieur. Si elle lui avait ôté la dîme, ce traitement variable, odieux, qui le mettait en guerre avec le paysan, elle lui donnait, sur les fonds de l’État, un traitement supérieur, fixe et régulier, qui le dédommageait. Quelles étaient donc les causes de l’exaspération des prêtres des campagnes ?

L’autorité du pape et des évêques, l’esprit de corps, suffiraient, sans nul doute, pour expliquer la résistance. Habitués à obéir, les prêtres obéirent encore lorsqu’il fallut prendre parti entre leurs tyrans ecclésiastiques et la Révolution qui les affranchissait. Si toutefois la résistance n’eût été qu’imposée d’en haut et par l’autorité, elle eût été passive, inerte, pour ainsi dire, elle n’eût eu nullement le caractère actif, ardent, passionné, qu’elle eut, spécialement dans l’Ouest.

Il y eut à ceci une autre cause, très grave et très profonde, qu’il faut analyser.

Tout l’effort de la femme était d’empêcher son mari d’acheter des biens nationaux. Cette terre tant désirée du paysan, si ardemment convoitée de lui depuis des siècles, au moment où la loi la lui livrait pour ainsi dire, la femme se jetait devant, l’en écartait au nom de Dieu. Et c’eût été en présence de ce désintéressement (aveugle, mais honorable) de la femme que le prêtre aurait profité des avantages matériels que lui offrait la Révolution ? Il eût déchu certainement dans l’opinion de ses parois-