Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/308

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d’où les Filles de la sagesse colportaient les miracles, l’appel au sang. Les mendiants les secondaient ; c’étaient d’excellents propagateurs de nouvelles, de très bons agents de révolte. Ils étaient fort nombreux, la plupart actifs et robustes. Sur trois cent mille âmes que comptait la Vendée, cinquante mille vivaient d’aumônes, sans rien faire, spécialement d’aumônes du clergé ; ils vivaient de lui, seraient morts pour lui, plutôt que de travailler.

On connaît maintenant les moyens, les agents de cette guerre impie. Le côté politique, le roi et la noblesse y furent très secondaires. Le prêtre y fut à peu près tout. Le Vendéen, si vous lui demandiez ce qu’enfin il voulait, ne répondait rien autre chose, sinon qu’on lui rendît son prêtre, qu’on laissât son curé revenir au village. Il faut entendre là-dessus, dans un récit très authentique, un de ces paysans, qui gardait des prisonniers républicains qu’on allait tuer, et qui, voulant sauver au moins leur âme, les priait de se confesser. Il disait à l’un d’eux, magistrat estimé : « Monsieur, je vous aimons bien ; vous nous avez fait le plus de bien que vous avez pu. Je sommes bien fâché de vous voir ici. Je ne nous soucions point de nobles, je ne demandons point de roi. Mais je voulons nos bons prêtres, et vous ne les aimez point… Confessez-vous, je vous en prions ; confessez-vous ; car, tenez, j’avons pitié de votre âme, et il faudra pourtant bien que je vous tuions… »

Ce mot est assez clair : « Nous voulons nos bons prêtres. » Il fut dit en 1793. Revenons en 1792, en