Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/338

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effet, à vomir au hasard l’injure et les fausses nouvelles, il dégoûtait, indignait, faisait rire. Mais sur cet ensemble bizarre, on croyait lire septembre, et l’on ne riait plus.

Robespierre et Danton sentaient parfaitement qu’il fallait au plus tôt rassurer la masse incertaine de la Convention, repousser ces accusations de tyrannie et de dictature qui circulaient contre eux. Rien n’avait plus contribué à fortifier ces bruits que les paroles de Marat, qui demandait sans cesse un dictateur. Plusieurs des Montagnards étaient portés à croire qu’en effet la France ne serait sauvée que par l’unité du pouvoir placé un instant dans la même main. Parler contre la dictature, le tribunat, le triumvirat, c’était parler contre Marat, le désavouer, se séparer de lui. Désavouer sur une question l’homme de septembre, c’était chose politique en ce moment, et qui pouvait rapprocher de la Montagne une partie de la Convention.

Robespierre le fit avec une extrême prudence, un ménagement extrême pour les maratistes. Il ne parla

    trouvait en lui. Il était Suisse d’un côté, Sarde de l’autre. Son vrai nom de famille est Mara. — Extrait des registres de la paroisse de Baudry, principauté de Neuchâtel : « Jean-Paul, fils de M. Jean-Paul Mara, prosélyte, de Cagliari en Sardaigne, et de Mme  Louise Cabrol de Genève, est né le 24 may 1743, a été bâtisé le 8 juin. N’ayant point de parain, et ayant pour maraine Mme  Cabrol grand’mère de l’enfant. » (Copié par M. Quinche, ministre à Baudry, 25 janvier 1848, et communiqué par l’obligeance de M. Carteron.) Je regrette de n’avoir pas eu ce renseignement, quand j’ai écrit, au tome II, mon chapitre de Marat. — La race sarde est la même que celle de Malte et de l’ancienne Étrurie ; le type en est bizarre, et l’on s’étonne peu de voir tant de figures monstrueuses dans les monuments de ce dernier peuple ; les premières figures de Polichinelle ont été trouvées dans les tombeaux étrusques.