Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/339

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pas lui-même, mais par l’intermédiaire de son jeune ami, son disciple, le paralytique Couthon, qui siégeait à côté de lui et qui recevait, au vu de tous, son inspiration. Couthon proposa de jurer haine à la royauté, haine à la dictature, à toute puissance individuelle.

Danton parla lui-même et se démit du ministère de la justice.

« Avant d’exprimer mon opinion sur le premier acte que doit faire l’Assemblée nationale, qu’il me soit permis de résigner dans son sein les fonctions qui m’avaient été déléguées par l’Assemblée législative. Je les ai reçues au bruit du canon. Maintenant la jonction des armées est faite, la jonction des représentants opérée, je ne suis plus qu’un mandataire du peuple, et c’est en cette qualité que je vais parler… Il ne peut exister de constitution que celle qui sera textuellement, nominativement acceptée par la majorité des assemblées primaires. Ces vains fantômes de dictature dont on voudrait effrayer le peuple, dissipons-les. Déclarons qu’il n’y a de constitution que celle qui a été acceptée de lui. Jusqu’ici on l’a agité, il fallait l’éveiller contre les tyrans. Maintenant que les lois soient aussi terribles contre ceux qui les violeraient que le peuple l’a été en foudroyant la tyrannie ; qu’elles punissent tous les coupables… Abjurons toute exagération, déclarons que toute propriété territoriale et industrielle sera éternellement maintenue. »

Grande parole, habile dans la position de Danton,