Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/451

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Cette opinion n’était nullement générale. Le premier mouvement fut de joie désintéressée. Plus tard même, plusieurs des Girondins, soit par crainte d’alarmer l’Europe, soit par respect du principe de la souveraineté des peuples, appuyant les plaintes des Belges, celles de Dumouriez, travaillent maladroitement à soutenir contre la France ce fantôme de peuple, dangereux instrument de la coalition et de la tyrannie sous le masque de la liberté.

Deux hommes ne s’y trompèrent pas et montrèrent dans cette grande affaire une remarquable fermeté de caractère et de bon sens ; contre l’avis de leurs amis, ils travaillèrent à la réunion de la Belgique.

Danton, qui semblait jusque-là intimement lié à Dumouriez, s’en sépara sur cette question, se fit envoyer en Belgique, essaya de le convertir à l’idée de réunion et y travailla malgré lui.

Cambon, qui à ce moment semblait se rapprocher des Girondins, ne ménagea pas, comme eux, Dumouriez ; il fit casser ses marchés, annuler ses emprunts ; il déjoua ses dangereux projets.

Dumouriez, comme le cardinal de Retz, avait appris dans la vie de César que rien n’est plus utile au politique que de devoir beaucoup, d’avoir nombre de créanciers liés à sa fortune. Et il avait vigoureusement appliqué l’axiome, prenant pour créanciers non seulement les banquiers belges, mais le grand propriétaire du pays, le clergé. Il en tirait, sans garantie de la Convention, sur la seule garantie du nom de Dumouriez, la somme énorme de cent