Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/465

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le résultat du scrutin, n’eurent de salut que dans l’audace, dans l’accélération du mouvement révolutionnaire.

L’événement qui changeait ainsi la face des choses fut l’élection de Pétion (qui quittait la présidence de la Convention) à la mairie de Paris (15 octobre). Il eut l’unanimité, on peut le dire sans se tromper de beaucoup. Sur quinze mille votants, il en eut quatorze mille. Et sur le millier de voix qui restaient, les candidats de la Commune, tous ensemble, n’eurent pas cinq cents votes.

Paris s’était ainsi justifié devant la France et l’Europe. Il avait manifesté son horreur pour septembre, son estime pour la modération et la probité.

Si pourtant la Révolution devait désormais s’appuyer sur la probité inerte et la modération impuissante, il était vraiment à craindre qu’elle ne gagnât l’espèce de paralysie dont semblait atteinte cette idole populaire. Pétion, infiniment propre à remplir un fauteuil quelconque, le siège de président de l’Assemblée ou le trône de l’Hôtel de Ville, le roi Pétion, comme on l’appelait, était doué de cette qualité, qu’on recherche surtout dans un roi constitutionnel, l’incapacité absolue d’agir, d’avoir un mouvement propre. Pour les fonctions végétatives que la constitution anglaise demande à son roi, ou Sieyès à son grand électeur, Pétion était précieux. Il suffisait comme symbole, comme drapeau, comme fiction. Mais le temps impitoyable proscrivait la