Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/470

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venu. La nation ne demandait nullement la tête de Louis XVI. Un excellent observateur et très attentif, Dumouriez, qui se trouvait à Paris au milieu d’octobre, dit qu’à cette époque rien n’indiquait que le roi fût en péril. Il fallait beaucoup d’adresse et d’entente pour réveiller la passion. Les sociétés jacobines y furent admirables ; elles fonctionnèrent avec une docilité, une vigueur qui eût excité l’envie des vieilles corporations sacerdotales et politiques du Moyen-âge.

Toutefois la chose n’eût point réussi, si l’on n’eût trouvé dans le peuple des éléments d’irritation. D’abord l’inquiétude extrême qu’il éprouvait naturellement, dans cette grande crise, dont Valmy n’avait donné qu’un répit momentané. La Révolution pouvait périr encore, périr au profit du roi : « Frappons-le d’abord lui-même ; vengeons notre mort d’avance, et qu’il n’en profite pas. » Voilà ce qu’on disait au peuple. On le trouvait bien sombre, bien souffrant, bien irritable, à cette rude entrée d’hiver. Encore un hiver sans travail, un hiver de faim ; hélas ! c’était le quatrième depuis 1789, et, par un progrès naturel, effroyablement plus dur ; car enfin les ressources s’épuisent, les secours disparaissent à la longue, la charité va tarissant ; les riches eux-mêmes se croient pauvres… « Quelle cause première de tant de maux ? dites-nous ? N’est-ce pas le roi ? »

Pendant l’élection du maire, et vers le 10 octobre, un prétendu blessé du 10 août vient, le bras en