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avaient sur lui. Robespierre, avec un sens parfait, qui, plus qu’aucune chose, prouve sa supériorité, avait évité les salons, craint la femme de lettres, la Julie pure et courageuse où toute la société bourgeoise reconnaissait l’idéal de Rousseau. Lui aussi, imitateur de Rousseau, son disciple servile littérairement et politiquement, il le suivit dans la vie privée avec intelligence et dans le vrai sens de son rôle ; il aima dans le peuple. S’il ne se fit pas menuisier, comme l’Émile de Rousseau, il aima la fille du menuisier. Ainsi sa vie fut une, et, tandis que bien d’autres accordaient difficilement leur cœur et leurs principes, lui il n’en fit aucune différence, n’enseigna pas seulement l’égalité par des paroles, mais la prêcha d’exemple. Nous reviendrons sur ce point important.

Madame Roland avait cru, non sans raison, que Robespierre avait le cœur sensible aux femmes, qu’il était susceptible d’un sentiment délicat, élevé, que la parole d’une femme, belle et vertueuse entre toutes, aurait force sur lui. Elle lui écrivit en 1791 d’une manière très prévenante. Il fut poli et froid. Nouvelle lettre en août 1792 : celle-ci ferme et sévère, où elle espère encore qu’il sera digne de lui, elle eût voulu, avant septembre, l’arracher de la fatale Commune. Nul effet, nulle réponse. Dès lors, ce fut la guerre.

On a vu sa faible apologie au 25 septembre ; depuis il se tenait tranquille et ne s’était pas relevé. En octobre, l’aveugle, l’imprudente attaque des