Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

éluder la proposition dans l’application ; on la décréta en principe.

Dès ce moment, d’heure en heure, des pétitions menaçantes vinrent exiger l’exécution du décret rendu. En une soirée, trois députations de la Commune se succédèrent à la barre. La troisième alla jusqu’à dire : « Si vous ne décidez rien, nous allons attendre. »

Le 17, une nouvelle députation vint dire : « Le peuple est las de n’être pas vengé ; craignez qu’il ne se fasse justice. Ce soir, à minuit, le tocsin sonnera. Il faut un tribunal criminel aux Tuileries, un juge par chaque section. Louis XVI et Antoinette voulaient du sang, qu’ils voient couler celui de leurs satellites. »

À cette violence brutale, le Jacobin Choudieu, Thuriot, ami de Danton, répondirent par les plus nobles paroles. Le premier dit : « Ceux qui viennent crier ici ne sont pas les amis du peuple ; ce sont ses flatteurs… On veut une inquisition ; j’y résisterai jusqu’à la mort… »

Et Thuriot, un mot sublime : « La Révolution n’est pas seulement à la France ; nous en sommes comptables à l’humanité. »

À ce moment entrent les sectionnaires que la Commune chargeait de former les jurys. L’un d’eux : « Vous êtes comme dans les ténèbres sur ce qui se passe. Si, avant deux ou trois heures, le directeur du jury n’est pas nommé, si les jurés ne sont pas en état d’agir, de grands malheurs se promèneront dans Paris. »