Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/79

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L’Assemblée obéit sur l’heure. Elle vota la création d’un tribunal extraordinaire. Toutefois avec une précaution, l’élection à deux degrés, comme pour les députés ; le peuple nommait un électeur par section et ces électeurs nommaient les juges.

Les noirs nuages du dehors, l’orage de la frontière, couvraient, il faut le dire, l’intérieur comme d’un voile noir ; de moins en moins on distinguait l’image de la justice. Des lettres arrivaient, comme autant de cris des villes frontières, comme les coups du canon d’alarme que tirait de moment en moment le vaisseau national qui semblait sombrer sous voiles. C’était Thionville, c’était Sarrelouis, qui criaient à l’Assemblée. La première disait qu’abandonnée de la France, elle se ferait sauter avant que d’ouvrir ses portes. Les Prussiens étaient partis de Coblentz le 30 juillet, avec un corps magnifique de cavalerie d’émigrés, quatre-vingt-dix escadrons. Le 18 août, les Prussiens opérèrent leur jonction avec le général autrichien Clairfayt. L’armée combinée, forte de cent mille hommes, investit Longwy le 20 août.

Et quelle défense à l’intérieur ? Merlin (de Thionville) dit dans l’Assemblée qu’au comité de surveillance il y avait quatre cents lettres prouvant que le plan et l’époque de l’invasion étaient dès longtemps connus à Paris. En réalité, la reine et beaucoup de royalistes avaient l’itinéraire de l’ennemi, le regardaient marcher sur la carte et le suivaient jour par jour.

La Fayette semblait ne voir d’ennemis que les Jaco-