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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/93

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Paris était sous le coup de la trahison de Longwy, quand il apprit que les campagnes des Deux-Sèvres avaient pris les armes : c’était le commencement d’une longue traînée de poudre. Au moment même, elle éclate et le Morbihan prend feu. La démocratique Grenoble est elle-même le foyer d’un complot aristocratique. Les courriers venaient coup sur coup dans l’Assemblée nationale ; elle n’avait pas le temps de se remettre d’une nouvelle qu’une autre arrivait plus terrible. On était sous l’impression de ces dangers de l’intérieur, quand on apprit que, du Nord, s’ébranlait l’arrière-garde de la grande invasion, un corps de trente mille Russes

Tout cela, ce n’étaient pas des hasards, des faits isolés ; c’étaient visiblement des parties d’un grand système, bien conçu, sûr de réussir, qui se dévoilait peu à peu. À quoi se fiait l’étranger, l’émigré, le prêtre, sinon à la trahison ?

Et le point central, le nœud de la grande toile tissue par les traîtres, où le placer ? Où se rattachait, pour employer l’énergique expression d’un auteur du Moyen-âge, le dangereux tissu de l’universelle araignée ? Où, sinon aux Tuileries !

Et maintenant que les Tuileries étaient frappées par la foudre, le trône brisé, le roi captif et jeté dans la poussière, autour même de la tour du Temple venait se renouer la toile en lambeau, le filet se reformait. À la nouvelle de Longwy livré, des rassemblements royalistes se montrèrent hardiment autour du Temple, s’unissant à la famille