Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/128

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révolutionnée à fond. L’ambitieux général, qui désirait au contraire qu’elle restât Belgique, avec son clergé, ses nobles, son vieux système gothique, s’arrangea avec ce clergé, avec les banquiers, essaya de vivre sans faire la révolution. Cambon se trouva dans une situation terrible, ayant aventuré l’armée, ayant réuni contre lui, ce qu’on n’aurait cru jamais, les trois grandes forces du monde, la banque, les prêtres et les Jacobins.

Les Jacobins crurent le moment venu et qu’il était mûr, que cet homme, où personne n’avait pu mettre encore la dent, mollissait, était bon à mordre. Le 16 novembre, un membre du comité des finances, un collègue de Cambon, le dénonce à la société. « On a cru Cambon ennemi des banquiers, des agioteurs, et l’on s’est trompé ; ces gens-là ne sont atteints que par l’impôt mobilier ; Cambon veut les exempter. Il veut supprimer les patentes. Un projet qu’il va présenter supprime aussi pour les prêtres le salaire donné par l’État. Quel moyen plus sûr d’irriter le peuple, de préparer la guerre civile ?

Dans la réalité, le complet anéantissement de l’industrie, la fermeture universelle des boutiques, rendaient l’impôt des patentes très peu productif. L’impôt mobilier rendait peu ; les riches ou étaient partis ou s’étaient faits petits et humbles ; l’impôt ne savait où les prendre. Au contraire, rien n’était plus facile et plus raisonnable que de faire porter l’impôt sur la propriété, dans un moment où elle subissait