Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/132

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politique que tant de fois Robespierre exposa aux Jacobins, et qui nous porterait à croire que ce grand tacticien des clubs n’eut point le génie révolutionnaire. Contenir une telle Révolution dans des bornes prudentes et sages ! ne pas comprendre que la garder, la tenir murée et close, c’était la chose impossible, la chose ridicule et la chose injuste !… Elle appartenait au monde ; personne ne pouvait se charger de la circonscrire. Elle devait périr ou s’étendre indéfiniment. Idée puérile, en vérité, de dire à l’Etna : « Tu feras éruption, mais jusqu’à un certain point… » C’est traiter ce mont terrible comme ces petits puits de feu qui, dans la Chine, s’appliquent et se proportionnent aux usages domestiques, innocents petits volcans que la ménagère prudente emploie à chauffer la marmite.

Robespierre, à son ordinaire, n’indiquait aux maux publics que des remèdes très vagues. Il fallait craindre l’intrigue, il fallait éviter les mesures mesquines, avoir des vues générales et profondes. Il ne descendait nullement sur le terrain scabreux, difficile, des voies et moyens. Il laissa ce soin à l’aventureux Saint-Just, qui, le 29 novembre, à l’occasion des troubles relatifs aux subsistances, attaqua le système même de Cambon, toute l’économie du temps, spécialement l’assignat.

La Convention prêta à ce discours une attention bienveillante. Il la transportait dans un monde tout différent de celui dont elle était fatiguée, un monde fixe et sans mouvement, une économie