Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/152

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Temple, et la Convention le vota ainsi, entendant par là le palais du Temple.

Ce ne fut qu’au moment même de la translation, et lorsque Pétion avait déjà amené la famille royale au palais, que la Commune, alarmée par une dénonciation, décida qu’il devait être renfermé au donjon du Temple. Ordre d’exécution difficile ; rien n’était prêt. La tour n’avait jamais eu d’habitant, depuis des siècles, qu’un portier ou un domestique. Ce logis abandonné n’offrait, dans son étroit circuit, que de misérables galetas, de vieux lits, fort sales. Manuel en rougit lui-même lorsqu’il y amena le roi. On travailla immédiatement à rendre le logis plus propre et plus habitable.

La Convention n’avait pas marchandé pour la subsistance du roi. Elle vota tout d’abord la somme de cinq cent mille livres. Sur cette somme, en quatre mois, la dépense de la bouche fut de quarante livres, c’est-à-dire de dix mille livres par mois, soit trois cent trente-trois livres par jour (en assignats, mais alors ils perdaient très peu) ; c’était une dépense suffisante en vérité pour un temps de famine et de misère générale.

Louis XVI avait, au Temple, trois domestiques et treize officiers de bouche. Il avait chaque jour, à dîner, « quatre entrées, deux rôtis, chacun de trois pièces, quatre entremets, trois compotes, trois assiettes de fruit, un petit carafon de Bordeaux et un de Malvoisie ou de Madère ». (Rapport du 28 novembre.) Ce vin était pour lui seul ; la famille n’en buvait pas.