Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/151

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Beaucoup achetaient, par cette comédie de colère patriotique, la facilité de le voir, l’occasion de le servir. C’est ce que la famille royale ne comprenait pas toujours. Elle sut mauvais gré à Cléry, le fidèle valet de chambre, de manger et faire gras avec ostentation les jours que le roi jeûnait. Elle s’indigna de voir un médecin, très zélé pour elle, plein de cœur, et qui réclamait en sa faveur près de la Commune, faire un jour, devant le roi, une dissertation sur l’éducation démocratique qui convenait au dauphin. L’objet de la plus vive aversion de la famille royale était un concierge du Temple, le sapeur Rocher, qui ne perdait nulle occasion d’afficher l’insolence. Cet homme pourtant était un agent de Pétion, placé là par la Gironde ; il appartenait au parti qui voulait épargner le sang du roi. Détesté de la famille royale, il n’en fut pas moins dénoncé aux clubs et n’eut pas peu de peine pour s’excuser aux Jacobins. On le chassa en décembre.

Les traitements dont le roi pouvait avoir à se plaindre ne tenaient nullement au mauvais vouloir de la Convention. Pétion avait eu l’idée humaine certainement, politique peut-être, de le garder au centre de la France, loin de l’émeute, loin de Paris, que sa présence agitait, dans une résidence très digne d’un roi fainéant, à Chambord, de l’engraisser là. On eût eu seulement à craindre, par la Loire, quelque coup des Vendéens. On pensait au Luxembourg ; mais il y avait le danger d’une fuite par les catacombes. La Commune exigea qu’on le mît au