Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

verains, il appelait ceux-ci de préférence. Lecteur assidu de Hume, plein du souvenir de Charles Ier, qui périt pour avoir fait la guerre civile, il voulait l’éviter plus que toute chose. Il pensait que les étrangers, entrant pour mettre l’ordre en France, n’y apporteraient pas les passions furieuses des émigrés, leur esprit de vengeance, leur insolence, leur esprit de réaction. Son premier plan était d’introduire l’étranger, mais dans une telle mesure que lui-même pût rester maître ; il eût appelé un corps considérable de Suisses, les vingt-cinq mille hommes qu’autorisaient les anciennes capitulations, un autre corps d’Espagnols et de Piémontais, douze mille Autrichiens seulement, peu ou point de Prussiens ; il se défiait de l’Autriche et encore plus de la Prusse. Ce ne fut qu’au dernier moment, après le 10 août, qu’il se jeta dans les bras de cette dernière puissance.

On peut dire qu’en réalité ses frères le perdirent. Implacables ennemis de la reine, ils ne seraient rentrés que pour lui faire son procès, et ils auraient annulé le roi, en s’arrogeant la royauté, comme lieutenance générale. Louis XVI craignait surtout le comte d’Artois, le pupille du fourbe Calonne, le prince des fous. Ce qui pouvait être le plus agréable à cette cour d’intrigants, c’était la mort de Louis XVI. On dansa à Coblentz (si nous devons en croire un livre très royaliste) pour le 21 janvier.

La Convention ignorait parfaitement cette situation de Louis XVI, à l’égard de l’émigration. Elle