Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/184

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émouvante du 11 décembre l’enleva à la considération de ses propres dangers, et elle offrit de défendre le roi. L’offre ne fut pas acceptée, mais, dès lors, elle fut perdue.

Les femmes, dans leurs dévouements publics où bravent les partis, risquent bien plus que les hommes. C’était un odieux machiavélisme des barbares de ce temps de mettre la main sur celles dont l’héroïsme pouvait exciter l’enthousiasme, de les rendre ridicules par ces outrages que la brutalité inflige aisément à un sexe faible. On a vu les craintes de Madame Roland et l’insulte trop réelle qu’on fit à Théroigne en 1793. Olympe fut au moment d’être traitée de même ou plus cruellement encore. Un jour, saisie dans un groupe, elle est prise par la tête ; un brutal tient cette tête serrée sous le bras, lui arrache le bonnet ; ses cheveux se déroulent… pauvres cheveux gris, quoiqu’elle n’eût que trente-huit ans ; le talent et la passion l’avaient consumée. « Qui veut la tête d’Olympe pour quinze sols ? » criait le barbare. Et doucement, sans se troubler : « Mon ami, dit-elle, mon ami, j’y mets la pièce de trente. » On rit, et elle échappa.

Ce ne fut pas pour longtemps. Traduite au tribunal révolutionnaire, elle eut l’affreuse amertume de voir son fils la renier avec mépris. Là, la force lui manqua. Par une triste réaction de la nature, dont les plus intrépides ne sont pas toujours exempts, amollie et trempée de larmes, elle se remit à être femme, faible, tremblante, à avoir peur de la mort.