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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/209

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remords, qu’il s’était laissé volontiers persuader par les prêtres ce qu’il avait déjà en lui, dans le cœur et dans la race, à savoir : Qu’il était roi, roi de ses actes, roi de sa parole, qu’un droit absolu résidait en lui soit pour régner par la force, soit pour tromper au besoin. C’est ce qu’un journaliste du temps lut, d’un œil pénétrant, sur le visage même du prisonnier, le jour du 11 décembre : « Il semblait nous dire encore : « Vous aurez beau faire, je suis toujours votre roi. Au printemps, j’aurai ma revanche. »

Oui, Louis XVI, hors de Versailles, hors du trône, seul et sans cour, dépouillé de tout l’appareil de la royauté, se croyait roi malgré tout, malgré le jugement de Dieu, malgré sa chute méritée, malgré ses fautes, qu’il n’ignorait pas sans doute, mais qu’il jugeait excusables, absoutes d’ailleurs et lavées par la seule autorité qu’il reconnût au-dessus de lui.

C’est là ce qu’on voulut tuer.

C’est cette pensée impie (l’appropriation d’un peuple à un homme) que la Révolution poursuivit dans le sang de Louis XVI.

Captif au Temple, au milieu de ses geôliers, il se croyait toujours le centre de tout, s’imaginait que le monde tournait toujours autour de lui, que sa race avait une importance mystérieuse et quasi divine. Il dit un jour à quelqu’un : « N’a-t-on pas vu la Femme blanche se promener autour du Temple ? Elle ne manque pas d’apparaître, lorsqu’il doit mourir quelqu’un de ma race. »