Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/210

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Dans les paroles qu’il ajouta au plaidoyer de Desèze, outre sa profession d’innocence, il protestait encore « qu’il n’avait jamais voulu répandre le sang ». On ne peut nier en effet que, malgré son caractère colérique, il n’ait eu ce qu’on appelle la bonté et qui est plutôt la tendresse ; Allemand par sa mère, il avait ce qui est commun chez cette race, une certaine débonnaireté de tempérament, la sensibilité sanguine, les larmes faciles. Il semble pourtant avoir surmonté, dans deux occasions graves, cette disposition naturelle. Au 10 août, il ne donna l’ordre de cesser le combat, d’arrêter l’effusion du sang, qu’une heure après que le château était pris, lorsque les siens étaient défaits, sa cause perdue. Humanité bien tardive ! L’affaire de Nancy, nous l’avons vu, fut arrangée d’avance entre la cour, La Fayette et Bouillé ; on voulut frapper un coup, et un coup sanglant. Ce ne fut pas certainement à l’insu de Louis XVI. L’affaire faite et le sang versé, il écrivit à Bouillé qu’il avait de cette affligeante, mais nécessaire affaire, une extrême satisfaction. Il le remercia de sa bonne conduite et l’engagea à continuer. (Voy. tome II, page 333.)

Toute la force du plaidoyer de Desèze reposait sur le reproche d’incompétence qu’il faisait à la Convention : « Je cherche des juges, dit-il, et je ne vois que des accusateurs. »

Ce que le Breton Lanjuinais traduisit avec une audace brutale : « Vous êtes juges et parties… Comment voulez-vous qu’il soit jugé par les cons-