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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/217

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La grande âme de Vergniaud était digne de trouver ceci. Telles aussi les âmes fortes que l’on voyait dans la Montagne.

Saint-Just put faire croire un moment qu’il était à cette hauteur. Le plus jeune de l’Assemblée (lui qui par son âge n’avait pas droit d’y siéger) la rappela à elle-même. Le 27, la voyant flotter et ne pas même savoir si elle était juge, il lui adressa cette censure d’une remarquable gravité : « Vous avez laissé outrager la majesté du Peuple, la majesté du Souverain… La question est changée. Louis est l’accusateur ; vous êtes les accusés maintenant… On voudrait récuser ceux qui ont déjà parlé contre le roi. Nous récuserons, au nom de la patrie, ceux qui n’ont rien dit pour elle. Ayez le courage de dire la vérité ; elle brûle dans tous les cœurs, comme une lampe dans un tombeau… » (Applaudissements.)

Saint-Just, d’un élan spontané et comme d’un mouvement héroïque, atteignait la question ; il en touchait le seuil. On pouvait croire qu’il allait y entrer et traiter avec la grandeur qui lui était naturelle la thèse qui seule était solide : le droit absolu. Nullement. Il s’arrête là et rentre dans les considérations de la politique, dans les raisons banales d’intérêt public.

Nul orateur, ni de la Gironde, ni de la Montagne, ne s’éleva davantage. Les deux principaux combattants, Robespierre, Vergniaud (admirables du reste par la persévérance passionnée ou par la