tions, allait jouer, sur une carte, tout l’avenir de la liberté et de la France. Ce n’était point du reste un mémoire au roi, c’était une lettre à Boze. Quelle en était la pensée ? Non douteuse certainement : montrer que le roi avait tout à craindre, qu’il lui valait mieux descendre que tomber, qu’il devait plutôt désarmer, rendre l’épée, sans qu’on la lui arrachât.
La déposition de Boze, que l’on fit venir, établit parfaitement qu’il s’agissait d’un acte tout à fait loyal de la part des Girondins. Il déclara que, du reste, la lettre était écrite à lui, Boze, et non pas au roi.
Ce singulier entremetteur laissait très bien voir les trois rôles qu’il avait joués. Il était bon royaliste, et voulait sauver le roi. Il était bon Girondin ; c’est lui (il le dit lui-même) « qui donna aux trois l’idée d’exiger le rappel des ministres girondins ». Il était bon Montagnard, logeait Gasparin, faisait, d’amour, d’enthousiasme, les portraits des Montagnards illustres, celui de Marat par exemple, qui peut-être est son chef-d’œuvre.
Le temps avait marché vite ; le point de vue était changé ; on ne pouvait plus comprendre, sous la lumière éclatante de la République, ces temps de crainte et de ténèbres où l’avenir de la liberté était si nuageux encore. On en avait perdu le sentiment, sinon la mémoire ; on ne pardonnait pas aux hommes d’alors de n’avoir pas été prophètes. Les Girondins, mal attaqués et très faiblement, ne pouvaient