Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/325

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d’homme haïssable et désolante. L’austérité sans la vertu. Respectable au plus haut degré (pour parler anglais). Honnête et parfait gentleman, le chef des honnêtes gens. Tout en employant largement la corruption politique, il garda en Angleterre une certaine dignité morale, mais tout ménagement finissait pour lui au détroit. Dans la grande poursuite qui a absorbé sa vie, la ruine de la Révolution, la destruction de la France, il n’a reculé devant nulle chose criminelle, honteuse ou basse. Les révolutionnaires lui ont imputé, je le sais, beaucoup de choses douteuses. Pour s’en tenir au certain, il en reste de quoi effrayer Machiavel. Le chef du gouvernement anglais n’a certainement point ignoré ces plans de grandes destructions, ces machines effroyables, qui ont fait l’horreur du monde. S’il n’a soldé, il a connu, approuvé, sans aucun doute, les plus coupables tentatives des pirates et des assassins.

Obligé d’entrer dans le détail, curieux, il est vrai, mais malpropre, de la diplomatie (anglaise et européenne), dans l’intérieur triste et sale de cette cuisine politique, on doit prier le lecteur de résister au dégoût. Omnia munda mundis. Il faut imiter la lumière, qui, dans sa pureté supérieure, peut impunément pénétrer dans les lieux les plus immondes et ne se salir nulle part.

Un côté seul de cette diplomatie doit nous occuper ici, l’action de l’Angleterre sur Naples, celle des émigrés sur Rome, le rapport de Rome à Vienne.