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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/326

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Son pouvoir, contesté à Londres, était absolu dans Naples. Il y régnait, sans conteste, sur le royaume, le palais, la reine, la chambre à coucher et le lit royal. La reine, Caroline d’Autriche, sœur de Marie-Antoinette, toute Anglaise était gouvernée absolument par un intrigant irlandais, son ministre Acton, et une effrontée Galloise, Emma Hamilton, qu’elle aimait éperdument.

Au musée du Palais-Royal, malheureusement détruit, tout le monde a pu voir, dans un très beau buste italien, l’image de cette Messaline de Naples. Tout observateur, à la première vue, était obligé de se dire : « C’est la figure même du vice. » Sur cette tête sensuelle et basse, bouffie de passions furieuses et de luxure effrénée, on pouvait hardiment jurer que l’histoire n’a pas menti.

La haine de Caroline pour la France ne datait nullement de la Révolution ni des malheurs de sa sœur. Elle venait de son amant Acton, Irlandais de race, né à Besançon, qui avait eu des humiliations dans la marine française et qui en gardait rancune. On peut en juger sur un fait : dans une famine de Naples, il fit refuser un vaisseau de blé qu’envoyait le roi de France.

Emma, arrivée vers 1791, partagea le crédit d’Acton. La reine se donna à elle. Elle avait toutes les passions de Marie-Antoinette, sans grâce et sans goût ; l’amitié passionnée de la reine de France pour Mmes de Lamballe et de Polignac (deux personnes charmantes et décentes), Caroline l’imita pour cette