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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/380

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sards hongrois, ni de l’irritation des Belges, qui, dans le Brabant surtout, s’ils eussent été appuyés de cette avant-garde, seraient tombés sur les Français. Quel espoir dans un tel péril ? Le retour de Dumouriez engagé dans la Hollande. Mais que croire de Dumouriez lui-même ? Personne ne se fiait à lui, et pourtant tout le monde, à la nouvelle du désastre, dit que lui seul pouvait encore apporter remède au mal. Telle fut l’opinion, non seulement des Girondins et de Danton, mais de Robespierre, de Marat. La France, au bord de l’abîme, obligée de le franchir, n’avait que cette planche pourrie qui lui craquait sous les pieds…

Telle était l’horreur de la situation, telle la tempête de nouvelles effrayantes, qui se trouvait, le 9 au matin, dans la tête de Danton. Il n’en eut ni peur ni trouble, et prit tout d’abord son parti. La Montagne voyait bien les maux ; mais elle était trop émue pour s’entendre sur les remèdes. Le côté droit, préoccupé du mouvement parisien, qu’il croyait artificiel et prenait pour une émeute, n’était pas assez frappé des événements éloignés qui causaient ici ce mouvement. Étaient-ils sourds, aveugles, ces hommes de tant d’esprit ? Ils étaient dans les comités, savaient parfaitement les nouvelles ; la France s’abîmait sous leurs yeux : ils ne voyaient que Paris !

Il fallait rompre cette stupeur, cette paralysie fatale, que la droite communiquait à toute la Convention. Les violents prétendaient qu’elle ne s’éveillerait pas sans le tocsin, le canon d’alarme, la voix foudroyante