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dessus un mur dans la cour de la maison voisine. De là, intrépidement, il alla à sa section. Tout finit là. La bande, qui n’était pas de deux cents hommes et qui ne grossissait pas, crut devoir s’en tenir à cette expédition et prudemment se dispersa.

La nouvelle, apportée le soir dans la Convention, produisit un sinistre effet. Gorsas était représentant. La Convention fut blessée, effrayée de l’atteinte portée à l’inviolabilité. Elle semblait prête à prendre une mesure vigoureuse. Elle se borna à décréter que désormais on aurait à opter entre la qualité de représentant et celle de journaliste. Cette mesure frappait à la fois Gorsas et Marat ; Gorsas, déjà suffisamment frappé par l’émeute, se trouvait puni encore. Justice étrange, en vérité !… La Convention se montrait faible et, dans sa faiblesse même, elle en voulait à la Montagne, qu’elle accusait (à tort) d’avoir voulu la violence. On pouvait parier que l’organisation du tribunal révolutionnaire ne passerait pas le lendemain.

Dans quelle mesure Danton, la Commune, les grands meneurs révolutionnaires, laisseraient-ils agir le dimanche la bande du comité d’insurrection ? C’était une question terrible, quand on se rappelait les commencements des massacres, au dimanche 2 septembre. Une chose est pour nous évidente, c’est qu’ils voulaient uniquement faire peur à la droite, entraîner la Convention. Toute effusion de sang allait au delà de leurs vues et pouvait les perdre.

Dès quatre heures du matin, en pleine nuit, Varlet