ne sais quel prétexte pour les faire attendre. Hébert aussi les amusa. Il fallait bien voir le tour que prendrait le repas civique.
Il finissait. On propose à tout ce peuple échauffé, aux volontaires de la Halle, qui allaient partir en grand nombre, d’aller fraterniser « avec nos frères des Jacobins ». Accepté, et de grand cœur. On suit la rue Saint-Honoré avec des chants patriotiques, surtout le cri : « Vaincre ou mourir !… » — Plusieurs, un peu échauffés, avaient le sabre à la main. Ils entrent. Un des volontaires, non Parisien, mais du Midi, dans un patois exécrable, demande à faire une motion. La patrie ne peut être sauvée que par l’égorgement des traîtres ; cette fois, « il faut faire maison nette, tuer les ministres perfides, les représentants infidèles… » — Cette proposition de meurtre n’allait pas aux Jacobins ; l’un d’eux se lève : « Faisons mieux ; arrêtons d’abord les traîtres… » La proposition ainsi amendée allait être mise aux voix. Heureusement la Montagne était avertie. Un député montagnard (très probablement envoyé par Danton et Robespierre), Dubois-Crancé, entre à ce moment et demande la parole. C’était un homme de taille colossale, de grande énergie militaire. Il parla très hardiment ; il dit qu’en voulant sauver la patrie ils allaient la perdre. Les voilà changés tout à coup : « Il a raison », disent-ils. Ils sortent des Jacobins. La plupart, en longues colonnes, s’en allèrent, traversant la Seine, fraterniser aux Cordeliers. Quelques-uns, des plus acharnés, allèrent à l’hôtel de la guerre