Quelle part le clergé et la noblesse eurent-ils aux commencements de l’insurrection ?
La noblesse n’en eut aucune[1]. La Rouërie essaya inutilement d’étendre dans le Poitou l’association bretonne. Les nobles étaient abattus, terrassés de la mort de Louis XVI. Beaucoup avaient été à Coblentz, avaient essuyé l’impertinence de l’émigration et revenaient dégoûtés. Rentrés chez eux, les pieds au feu, ils faisaient les morts, heureux que les comités patriotiques des villes voisines voulussent bien ne pas s’informer de leur malencontreux voyage.
Le clergé eut grande part à la Vendée, mais très inégale, grande en Anjou et dans le Bocage, moindre au Marais, variable dans les localités si diverses de la Bretagne. Ni en Vendée ni en Bretagne, il n’aurait, rien fait, si la République n’était venue au foyer même du paysan pour l’en arracher, l’ôter de son champ, de ses bœufs, l’affubler de l’uniforme, l’envoyer à la frontière se battre pour ce qu’il détestait. Jamais, sans cela, les cloches, les sermons ni les miracles n’auraient armé le Vendéen.
- ↑ Les royalistes l’ont dit, cette histoire est une épopée, autrement dit, un poème tissu de fictions.
Jamais je n’aurais déterré le vrai sous les épaisses alluvions de mensonges que chaque publication à son tour a jetées dessus, si ces mensonges ne se contredisaient.
Tous mentent, mais en sens divers.
Leurs sanglantes rivalités, continuées dans l’histoire, y jettent à chaque instant plus de jour qu’ils ne voudraient.
Souvent, sans s’en apercevoir, ils défont ce qu’ils ont fait.
Les premiers s’évertuaient à montrer que c’était un mouvement vraiment populaire. Les derniers, maladroitement et pour flatter la noblesse, ont rattaché l’insurrection vendéenne à la conjuration nobiliaire de Bretagne, qui n’y a aucun rapport.