Autrement dit : Vienne l’ennemi !… que les armées autrichiennes, avec leurs Pandours, leurs Croates, ravagent la France à leur aise… Qu’importe la France à la Vendée !… La Lorraine et la Champagne seront à feu et à sang ; mais ce n’est pas la Vendée. Paris périra peut-être, l’œil du monde sera crevé… Mais qu’importe aux Vendéens ?… Meure la France et meure le monde !… Nous aviserons au salut, lorsque le cheval cosaque apparaîtra dans nos haies.
Hélas ! malheureux sauvages ! vous-mêmes vous vous condamnez. Ces mots de farouche égoïsme, c’est sur vous qu’ils vont retomber.
Car vous ne dites pas seulement : Que nous importe la France ? Mais : Qu’importe la Bretagne ? — Et : Qu’importe Maine-et-Loire ? Le Vendéen ne daigne donner la main au chouan. — Bien plus, les Vendéens entre eux, sauf les masses fanatiques qu’une propagande spéciale organisa dans le Bocage, les Vendéens se haïssent, se dédaignent et se méprisent ; ceux d’en haut ne parlent qu’avec dérision des grenouilles du Marais. Les Charette et les Stofflet se renvoient le nom de brigands.
Non, vous prendriez vos chefs dans un rang plus bas encore, votre révolte serait encore plus populaire, grossière, ignorante, vous n’êtes pas la Révolution. Nous aurions tort de donner ce grand nom à la Vendée.
Car la Révolution, quelles qu’aient été ses fureurs et son ivresse, fut ivre de l’Unité.