Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/454

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Valence, lequel toutefois n’alla pas plus loin que Bruxelles ; le congrès, préalablement, lui fit dire d’attendre, ne voulant donner à Dumouriez rien de positif, mais seulement s’en servir, exploiter sa trahison.

Dumouriez avait promis plus qu’il ne pouvait tenir. Il voulait, le 4 au matin, prendre Cobourg et le mettre dans Condé. Il était à une demi-lieue avec le duc d’Orléans ; il voit passer sur la route trois bataillons de volontaires qui, sans ordre de leurs chefs, couraient se jeter dans la place, la fermer aux Autrichiens. Ainsi la France, trahie, se défendait elle-même. Il ordonne de rétrograder. Il est assailli par des cris, bientôt par des coups de fusil. Il échappe à travers champs ; on lui tue cinq ou six hommes ; à grand’peine, il trouve un bac ; il se jette aux Autrichiens.

Leur mannequin ordinaire, le colonel Mack, qu’on faisait parler toujours (pouvant le désavouer), écrivit la nuit avec Dumouriez une proclamation trompeuse où l’on faisait dire à Cobourg : « Qu’il ne venait pas en France pour faire des conquêtes, qu’il ne prendrait aucune place qu’en dépôt et pour la restituer. » Dumouriez, qui n’était plus en situation de rien disputer, sacrifia dans cet acte son jeune prétendant ; il laissa les Autrichiens écrire autrement qu’ils n’avaient dit. Ils avaient dit le 22 mars : Rétablissement d’une monarchie constitutionnelle, ce qui pouvait s’entendre du jeune Orléans aussi bien que du fils de Louis XVI. Mais, le 4 avril, ayant là