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Dumouriez rendu à discrétion, fugitif et sans ressources, ils écrivirent dans la proclamation : Rendre à la France son roi constitutionnel. Ceci ne pouvait s’entendre que du prétendant de la branche aînée.

Dumouriez, déterminé à périr s’il le fallait pour se relever, étonna fort son ami Mack en lui disant le matin qu’il allait retourner au camp français, voir encore ce qu’il avait à attendre de l’armée. Mack pâlit de tant d’audace et ne le laissa pas partir sans lui donner pour escorte quelques dragons autrichiens. C’est ce qui perdit Dumouriez. Quelques hommes ne servaient de rien pour le protéger ; ils servaient à l’accuser, à rendre sa trahison visible et palpable.

Il aurait eu, sans cela, beaucoup de chances pour lui. L’armée avait été émue, indignée de la tentative des volontaires contre Dumouriez ; elle l’appelait un guet-apens. Quand elle le vit reparaître, elle fut toute joyeuse de le voir en vie. La sensibilité gagnait. Quoique l’aspect des volontaires fût toujours menaçant et sombre, quoique l’artillerie restât dans la plus fière attitude de réserve, la ligne s’attendrissait. Dumouriez, passant au front de bandière, criait d’une voix frémissante et très enrouée : « Mes amis, j’ai fait la paix ! Nous nous en allons à Paris arrêter le sang qui coule… »

Cela faisait impression. Dumouriez était en face du régiment de la Couronne, qui s’était signalé à la bataille de Neerwinde ; il embrassait un officier. Un jeune homme sort des rangs, un simple fourrier,