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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/478

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La demande, reproduite le 28 par Gensonné, fut, au grand étonnement de la Convention, combattue par Vergniaud. Il mit en lumière ces deux choses : que la convocation des assemblées primaires pourrait sauver la Gironde, mais qu’elle perdrait la France, qu’il valait mieux, après tout, que la Gironde périt.

Grandeur immortelle de 1793 ? temps antique, qui peut, de haut, regarder l’Antiquité !

Les belles lois humaines de 1789, les attendrissantes fédérations de 1790, avaient promis l’héroïsme. Mais, au moment de l’épreuve, les héros seraient-ils là ? On avait donné des mots, des lois, des larmes faciles ; mais, au jour du calice amer, au jour où la France serait appelée à boire son sang elle-même… que ferait-elle ? On l’ignorait.

Un grand souffle était, il est vrai, dans les cœurs, une flamme dans les poitrines. Hélas ! de quoi périssions-nous ? Consumés de cette flamme.

Des villes entières, des foules, donnaient leurs enfants, leur cœur. Bordeaux, sans appel de la Convention, d’elle-même, vole à la Vendée. Marseille a déjà donné des armées ; on veut dix mille hommes encore ; le lendemain, dix mille hommes étaient rangés sur les quais, prêts et le sac sur le dos.

La foi nouvelle commençait à donner des hommes au monde. Un héros, un saint, un simple, La Tour d’Auvergne, partait à cinquante ans, se faisait conscrit pour former nos bataillons, nos grenadiers d’Espagne, qui devinrent l’armée d’Italie.

Irréprochable lumière de la sainteté moderne !