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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/479

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aurore de la grande Légende ! actes héroïques de nos premiers saints !… Nous pouvons baiser ici le seuil sanglant du nouveau monde.

L’attendrissante lueur de la religion de Justice qui commençait à poindre au ciel avait paru dans la fête où la France glorifia la pauvre ville de Liège. Nous n’avions rien à leur donner, dans cette extrême misère, à ces Liégeois fugitifs qui s’étaient perdus pour nous. Nous leur donnâmes l’honneur… Ils rentrèrent reconnaissants, le soir, les larmes aux yeux. Toute la terre sut combien la France ruinée était riche et comment elle payait.

Tout cela élevait les cœurs, les montait au sacrifice : qui eût encore pensé à soi ?… La Gironde aussi s’immola, elle périt résignée, et de la main de Vergniaud.

Elle ne réclama pas, quand il dit ces simples paroles : « Fonfrède n’a demandé les assemblées primaires que pour montrer le danger de la pétition de la Commune. Gensonné n’a appuyé la demande que pour prouver que les membres dénoncés n’ont rien à redouter d’un jugement national. »

La Gironde baissa la tête, personne ne contredit. La Montagne elle-même frissonna d’admiration.

La Gironde, au 20 avril, était maîtresse de son sort. L’Assemblée, au milieu de toutes ses jalousies, ne lui donnait pas moins des preuves d’une confiance invariable, prenant toujours des Girondins pour présidents, secrétaires (et jusqu’au 31 mai). Elle venait, le 12 avril, de se rallier solennellement à eux, en leur