Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/486

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Et c’est justement ce qui jeta au tribunal plusieurs des plus enthousiastes amants de la République. Ils demandèrent, recherchèrent ce qui faisait reculer tout le monde, ce pontificat de Tauride.

Nommons en tête de ceux-ci le tribun d’Arles, Antonelle, ancien militaire, noble et riche, qui vivait heureux, retiré en 1789, livré à la philosophie, aux paisibles études grecques, lorsque les révolutions du Midi l’appelèrent à l’improviste à renouveler la violence et les dévouements de la terrible Antiquité.

L’accusateur public fut un parent éloigné de Camille Desmoulins, le trop célèbre Fouquier-Tinville. Le 20 août 1792, il écrivait à Camille : « Je suis pauvre, chargé d’enfants, nous mourons de faim. » Camille, selon toute apparence, le fit accepter de Robespierre, qui ne pouvait aimer cet homme faible et violent, emporté, hors de mesure, mais qui sans doute ne refusait rien à Camille, quand celui-ci écrivait son Histoire des Brissotins. Fouquier entra aveuglément dans son rôle meurtrier et devint de plus en plus exécré et exécrable.

Je ne distingue dans la liste qu’un des hommes de septembre, Jourdeuil, devenu adjoint du ministre de la guerre.

Le comité insurrectionnel de l’Évêché, qui va décimer la Convention, a pris poste au tribunal par l’un de ses chefs, Dobsent.

La plupart des noms appartiennent à la petite bourgeoisie, aux professions intelligentes ; plus d’artistes que d’artisans. Il y a trois chirurgiens ou médecins, un