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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/493

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foule ne tenait point Marat quitte ; elle le ressaisit et le remporta pour le promener dans Paris. Beaucoup néanmoins restaient dans la salle, ne défilaient point ; on craignait qu’ils n’eussent des desseins sinistres. Danton, avec beaucoup d’adresse et de présence d’esprit, les fit écouler, saisissant un mot qu’avait dit Marat lui-même, s’en servant pour rappeler l’inviolabilité de la Convention : « Beau spectacle pour tout Français ! de voir les citoyens de Paris respecter tellement la Convention que c’est pour eux un jour de fête le jour où un député inculpé est rétabli dans son sein ! »

La prophétie de Marat ne pouvait manquer de s’accomplir ; la Gironde, d’elle-même, courait à la mort. Elle se mettait en face du torrent révolutionnaire ; elle allait être emportée.

Les jours suivants, elle opposa une opiniâtre résistance à la mesure que le peuple réclamait le plus ardemment, le maximum sur les denrées. La multiplication effroyable de l’assignat avait porté les choses les plus nécessaires à la vie à un prix inaccessible. Dans une grande partie de la France, le pain valait dix sous la livre. D’autre part, imposer un maximum, forcer le marchand de donner à bas prix ce qui lui avait coûté cher, et de le donner pour cette monnaie de papier qui descendait d’heure en heure, c’était lui faire fermer boutique. Qui voudrait être marchand à de telles conditions ? Le fermier allait entasser ses grains sans les vendre et ne plus semer peut-être. Il fallait, à l’appui de cette mesure tyrannique, d’autres