Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/501

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la pétition, pour que nous puissions désavouer ce qui est contre les principes… Loin d’être en insurrection contre l’Assemblée, nous voulons la défendre jusqu’à la mort… S’il se trouvait des assassins, c’est nous, ce sont nos propres corps qui vous serviraient de remparts. »

L’arrestation des faussaires qui parlaient sans mission allait démasquer la main qui les poussait par derrière. Les dantonistes vinrent au secours. Quoiqu’il soit assez probable, d’après le premier mouvement d’indignation qui leur était échappé, d’après les exclamations de Lacroix et de Phelippeaux, que les dantonistes n’étaient pas dans la confidence complète de la fausse pétition, ils ne s’en prêtèrent pas moins à l’innocenter, à couvrir ce pas hasardé du parti le plus violent. Thuriot, puis Danton lui-même, demandèrent que la Convention se bornât à improuver la phrase (d’insurrection) que le faubourg désavouait, et passât à l’ordre du jour. Danton se surpassa lui-même en diplomatie révolutionnaire. Il avança, il recula. Il flatta la Convention, lui montrant qu’elle pouvait tout. Il flatta l’insurrection. Il rassura surtout l’Assemblée (précaution indispensable pour une assemblée française) sur la crainte de paraître craindre. Enfin il enveloppa, embrouilla si bien les choses qu’il obtint les honneurs de la séance pour les pétitionnaires, sans que l’on sût seulement si c’étaient les hommes de la première pétition ou de la seconde, ceux qui avaient insulté la Convention ou ceux qui voulaient la défendre.