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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/509

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restèrent avec leurs enfants. Si l’on déduit des vingt-neuf mille quelques milliers d’individus incapables de porter les armes, il restera à peu près le nombre que formait l’armée de Condé.

Ce chiffre, cette désignation des personnes des émigrés, fut donnée par les municipalités. Quant aux administrations de départements, auxquelles Roland avait demandé la désignation des biens d’émigrés, elles montrèrent une extrême mauvaise volonté ; presque aucune ne répondit. Il adressa alors la même demande aux districts, menaçant de nommer à la Convention les districts désobéissants. Il ne fut guère plus heureux ; sur les cinq cent quarante-six districts de la République, il n’y en eut que deux cent dix-sept qui voulurent répondre.

Toutes ces administrations étaient ou se disaient girondines. Elles opposaient une force d’inertie invincible au gouvernement. Elles fermaient l’oreille au cri de la France, qui périssait sans remède, si elle ne mettait la main sur sa ressource suprême, la vente des biens des émigrés.

De même que les maratistes étaient plus violents que Marat, tous ces prétendus Girondins allaient dans le modérantisme (le mot fut créé pour eux) bien plus loin que les Girondins de la Convention. Ceux-ci, par Ducos, par Fonfrède, souvent par Vergniaud, se rapprochaient de la Montagne et votaient comme elle pour toutes les grandes mesures de salut public. Les Girondins de province avaient horreur de la Montagne, l’accusaient indistinctement, la