Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tique, qui n’oubliait pas, sans nul doute, qu’Avignon n’avait fait qu’imiter Nîmes. À Nîmes, en 1790, les catholiques commencent ; les révolutionnaires d’Avignon suivent en 1791 ; Paris, en 1792. Mais Lasource, excusant les uns, n’avait pas grande autorité pour incriminer les autres.

Les protestants étaient une cause de dissolution dans le sein de la Gironde. Près du violent Lasource siégeaient les modérés, tels que Rabaut-Saint-Étienne et Rabaut-Pommier, deux constituants d’un noble caractère, qui toutefois n’allaient guère en avant que par des mouvements gauches et faux. Rabaut-Saint-Étienne ne soutint ni à l’Assemblée ni dans son journal l’attaque de Louvet contre Robespierre. Mais il fit de Robespierre prêtre, au milieu de ses dévotes, un portrait spirituel, amer, d’une haine si méprisante qu’on sentit que c’était un prêtre aussi qui avait dû le tracer. Robespierre n’avait rien senti des attaques de Louvet, mais ici il fut percé.

Brissot, non plus, nous l’avons vu, n’avait point appuyé Louvet, point secondé les Roland. Les journaux de la Gironde allaient tous à part, tiraient à droite ou à gauche, sans se consulter. Le Patriote de Brissot et Girey, la Sentinelle de Roland et Louvet, les Annales de Carra, les Amis de Fauchet, la Chronique de Condorcet et Rabaut, semblaient, dans certains moments, représenter cinq partis.

Où était l’autorité ? Partout et nulle part. Ni dans le génie de Vergniaud, ni dans la vertu de Roland, ni dans le savoir-faire du grand faiseur Brissot,