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plusieurs fois, sans devenir plus conséquents. Organisés par l’avocat Duport et les Lameth, comme machine de polémique et de surveillance, ils changèrent peu de caractère. Leurs velléités morales, sous Robespierre, restèrent impuissantes. L’acharnement aux personnalités les écarta sans cesse des principes qu’ils posaient. Il fallait une censure, ils ne furent qu’une police.

Quant à la grande initiative révolutionnaire, ils ne l’eurent jamais ; aucun des actes solennels de la Révolution ne sortit des Jacobins. Nés après la prise de la Bastille et le 5 octobre, ils furent étrangers à l’appel des Fédérations. Ils se déclarèrent nettement contre la guerre, contre la croisade de délivrance universelle, pensant qu’avant tout la France devait songer à elle-même et faire son salut. Ils n’eurent qu’une part fort indirecte au 10 août, à la création de la République.

L’initiative révolutionnaire demandait un don suprême qui se trouve rarement dans une société disciplinée, où la cohésion ne s’achète que par l’immolation commune des forces trop hautes. Ce don, c’est la magnanimité et le génie.

Ces grandes facultés, peu disciplinables, étaient mal vues des Jacobins, en suspicion chez eux. L’aversion, au reste, était réciproque. Le génie (Mirabeau, Danton) se sentait mal aux Jacobins.

Les hommes forts, les spéciaux, Carnot, Cambon, ne mirent jamais les pieds chez eux.

La haute lumière du salut (que personne n’eut