Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sommes ralliés en 1789, en 1790, au 10 août ; nous nous rallierons encore, quand il le faudra. » À ce mot, ce furent des cris ; tous virent la patrie sauvée, sauvée par eux ; ils prirent le mot de Thuriot comme une déclaration des dantonistes de s’unir sans réserve aux Jacobins. On se précipita au bureau, on ne se contenta pas d’applaudir Couthon, on voulut signer son discours. Le vieux Dussaulx eut seul la fermeté de ne pas signer, ne reconnaissant pas pour doctrine d’équilibre un discours dont le point de départ était la mort de la Gironde, la suppression de la droite, et qui cherchait la ligne centrale non dans la Convention, mais seulement dans la gauche.

Pour une raison contraire, les Cordeliers aussi prirent mal la chose. Plusieurs Jacobins trouvèrent qu’il était trop tôt dans la Révolution pour blâmer l’exagération, qu’elle était encore nécessaire. Mobilité des assemblées ! Tout change, du 12 au 14. Tallien, l’homme de la Commune, Camille Desmoulins, pour l’honneur des vieux Cordeliers, les Jacobins Bentabole Albitte, Chabot même, demandent un changement au discours qu’ils ont signé. Pourquoi parler d’exaltés ? Il n’y a point d’exalté ; un seul peut-être, Marat ; un individu exalté ne peut s’appeler un parti. La société prie Couthon de modifier son discours ; il refuse, on passe à l’ordre du jour, on n’adopte point le discours, on ne l’envoie pas aux départements.

Coup grave pour Robespierre. On savait bien que