Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/78

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Couthon n’avait fait qu’exprimer sa pensée. Mais les Jacobins s’étaient dit : « Robespierre est encore ici trop doux et trop modéré ; nous ne pouvons pas le suivre ; c’est un philosophe, un sage, plus encore qu’un politique ; c’est un moraliste, un saint… »

Les exaltés, encouragés par ce manifeste échec de Robespierre aux Jacobins, poussèrent vivement l’affaire de l’évêché, y signèrent et firent signer une pétition furieuse, rédigée par Gusman et ses amis, approuvée de Tallien, Chaumette, Hébert ; on y contestait à la Convention le droit de faire des lois, ne reconnaissant pour tel que ce que le peuple aurait sanctionné plus tard. Cet acte insensé eût établi un provisoire d’anarchie (voir plus haut).

L’effet fut tel dans la Convention que la Montagne elle-même accueillit la pétition d’un silence désapprobateur. Robespierre ne souffla mot. Gusman, nullement abattu, rapporta la pétition dans la section dont il était président (section même de Robespierre) ; il en reçut les félicitations, les consolations[1]. On lui adjoignit un membre pour l’appuyer aux Jacobins, où il portait aussi ses plaintes. Il y fut très bien accueilli, malgré les réclamations de plusieurs représentants. Ce qui fut très grave, autant au moins que la pétition, c’est que le gros Santerre, bas flatteur de toute force qui semblait poindre à l’horizon, voyant que décidément les exaltés l’emportaient,

  1. Tout ceci est tiré en partie du Journal des Amis de la constitution, en partie des Procès-verbaux de la Commune (Archives de la Seine) et des Procès-Verbaux des sections. (Archives de la Préfecture de police.)