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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/81

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nobiliaire, de Duport, Barnave et Lameth, celui qui tua Mirabeau. Il y a eu le jacobinisme mixte, des journalistes républicains, orléanistes, Brissot, Laclos, etc., où Robespierre a prévalu. Enfin, cette seconde légion ayant comme fondu en 1792, passé dans les places, l’administration, les missions diverses, commence le jacobinisme de 1793, celui de Couthon, Saint-Just, Damas, etc., lequel doit user Robespierre, s’user avec lui.

Cette troisième légion, convoquée en quelque sorte au nom de l’égalité, différait beaucoup des deux autres. D’abord elle était plus jeune. Puis la grande majorité se composait d’hommes de conditions peu lettrées, comme le menuisier Duplay, le sellier Rigueur, etc. Ces braves gens, très passionnés, mais généralement honnêtes et désintéressés, avaient une foi pieuse, forte, docile. Profondément fanatiques du salut de la patrie, s’avouant leur ignorance, ils ne cherchaient qu’un directeur ; il leur fallait un honnête homme, bien sûr et solide, qui voulût pour eux ; ils remettaient leur conscience dans la main de Robespierre.

Ils étaient, si je ne me trompe, plus naïfs et plus violents, moins fins et moins pénétrants que le peuple d’aujourd’hui. Quand il convenait au chef de faire arriver sa pensée indirectement (comme tout à l’heure, par Couthon), ils étaient sujets à ne pas comprendre. Ils mettaient d’ailleurs si haut Robespierre, sa sainteté politique, que souvent ils croyaient devoir lui épargner telles décisions rigou-